Voici l’époque où le
poète sent se dresser en lui une méridienne, cette méridienne force
d’ascension.
Leur crime : être enragé de vouloir nous apprendre à mépriser les dieux que nous avons en
nous.
Le poète, conservateur
des infinis visages du vivant.
Celui qui vient au monde
pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.
Ne t'attarde pas à
l'ornière des résultats.
L'acte est vierge, même
répété.
A chaque effondrement des
preuves, le poète répond par une salve d'avenir.
Aucun oiseau n'a le cœur
de chanter dans un buisson de questions.
Dans nos ténèbres, il
n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la
beauté.
Mettre en route
l'intelligence sans le secours des cartes d'état-major.
Pleurer longtemps
solitaire mène à quelque chose.
Mais qui rétablira
autour de nous cette immensité, cette densité réellement faites
pour nous, et qui, de toutes parts, non divinement, nous baignaient ?
Que serions-nous sans le
secours de ce qui n’existe pas ?
Vivre c'est s'obstiner à
achever un souvenir. Mourir c'est devenir, mais nulle part, vivant.
L'appétit de quelques
esprits a détraqué l'estomac des hommes.
Pourquoi cette perte de
noblesse entre révélation et création ?
Le réel quelques fois
désaltère l'espérance. C'est pourquoi contre toute attente,
l'espérance survit.
Ce dont le poète souffre
le plus dans ses rapports avec le monde c'est du manque de justice
interne.
Il existe une sorte
d'homme toujours en avance sur ses excréments.
Tiens vis à vis des
autres ce que tu t’es promis à toi seul. Là est ton contrat.
Arthur Rimbaud jaillit en
1871 d’un monde à l’agonie qui ignore son agonie et se mystifie,
car il s’obstine à parer son crépuscule des teintes de l’aube
de l’âge d’or.
Le monde contemporain
nous a déjà retiré le dialogue, la liberté et l'espérance, les
jeux et le bonheur; il s'apprête à descendre au centre même de
notre vie pour éteindre le dernier foyer, celui de la Rencontre.
Viendra le temps où les
nations sur la marelle de l’univers seront aussi étroitement
dépendantes les unes des autres que les organes d’un même corps,
solidaires en son économie. Le cerveau, plein à craquer de
machines, pourra-t-il encore garantir l’existence du mince
ruisselet de rêve et d’évasion ? L’homme, d’un pas de
somnambule, marche vers les mines meurtrières, conduit par le chant
des inventeurs...
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